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Les violences s'étendent en Seine-Saint-Denis et changent de forme

LE MONDE | 02.11.05 | 13h53  •  Mis à jour le 02.11.05 | 16h22
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Accalmie à Clichy-sous-Bois et Montfermeil, mais aggravation de la situation dans plusieurs communes voisines de Seine-Saint-Denis. Par effet de contagion, la nuit du mardi 1er au mercredi 2 novembre a été marquée par de nombreuses violences urbaines provoquées par de petits groupes d'individus.

228 voitures brûlées dans la nuit

228 véhicules ont été incendiés en France, dont 180 pour la seule Ile-de-France dans la nuit de mardi à mercredi, a indiqué une source policière, précisant que la Seine-Saint-Denis, département où ont éclaté les violences jeudi, totalisait seule 153 voitures brûlées. Selon une source parlementaire, ce sont 250 voitures qui ont été incendiées en Ile-de-France dont "65 dans la seule ville de Bondy" pendant cette sixième nuit d'affrontements. (AFP)


Clichy et Montfermeil ont, en revanche, connu une première nuit sans incidents après cinq soirées consécutives de violences provoquées par le décès de deux mineurs, jeudi 27 octobre, et le jet d'une grenade lacrymogène contre une mosquée, dimanche 30. Les violences se sont déplacées et étendues à de nombreuses autres cités sensibles de Seine-Saint-Denis. "Il y a eu un syndrome évident de mimétisme", explique-t-on à la direction générale de la police nationale (DGPN).

Près de 150 voitures ont été incendiées dans la nuit dans le département, ­ 180 au total en Ile-de-France, 220 sur l'ensemble du territoire ­ et près de 70 feux de poubelles et de détritus ont été relevés. Les points noirs de ces violences ont été Bondy, Aulnay-sous-Bois, Sevran, Le Blanc-Mesnil et Neuilly-sur-Marne. Des incidents similaires ont été signalés dans les Yvelines, le Val-d'Oise et la Seine-et-Marne, où une trentaine de véhicules ont été brûlés. Trente-quatre personnes ont été interpellées dans quatre départements franciliens.

La nature des violences a également évolué par rapport aux incidents de Clichy et Montfermeil, où des groupes importants de jeunes avaient longuement affronté les forces de l'ordre. Cette fois, les actions ont été sporadiques et disséminées un peu partout dans les quartiers, organisées par de petits groupes insaisissables. Les résultats n'en sont pas moins spectaculaires, notamment dans la zone Aulnay-Sevran-Bondy : ici, des voitures brûlent au milieu de la chaussée, tandis que l'on devine des ombres qui semblent danser autour des flammes, de la haute fumée noire et de la carcasse ; là, un camion de pompiers essaie d'éteindre l'incendie d'un véhicule stationné contre un immeuble ; plus loin, ce sont des poubelles qui brûlent ; encore plus loin, la carcasse d'un camion ; un container à verre renversé sur la route, des cailloux qui jonchent le sol, du verre brisé... Une odeur de caoutchouc brûlé envahit l'atmosphère, tandis qu'on entend les moteurs qui explosent, un peu plus loin.

Les radios des policiers crachent un débit ininterrompu de mauvaises nouvelles : les assaillants mettent le feu à un camion devant une école à Sevran, les forces de l'ordre subissent des jets de projectiles dans la cité des 3 000, à Aulnay, la tension monte encore à Bondy-nord, un commerce de la commune est en flammes sans qu'on sache si le sinistre a un lien direct avec les violences.

Devant l'évolution de la situation, les policiers et les gendarmes massés à Clichy ont été progressivement redéployés dans l'ensemble du département. Des autocars transportent les policiers et gendarmes, sirènes hurlantes, vers les autres points chauds, notamment dans les villes où des affrontements directs opposent jeunes et forces de l'ordre.

Celles-ci doivent affronter un ennemi très mobile. Pour pénétrer dans les cités, surplombés par des immeubles d'où peuvent être jetés des projectiles, les policiers progressent lentement. Ce principe de précaution permet aux assaillants de s'enfuir sans trop de difficultés. Le nombre d'interpellations est d'ailleurs assez limité.

Pour faire face à cette nouvelle donne, les forces de l'ordre ont été divisées en une multitude d'équipes réduites qui tentent d'être aussi réactives que les assaillants. Pour le ministère de l'intérieur, cette tactique présente aussi l'intérêt de ne pas attiser les tensions par une présence trop voyante. La DGPN réfléchit aux méthodes à employer dans ce genre de décor urbain, par temps calme. " Il faudrait que les CRS puissent travailler en tenue classique, sans être forcément bottés et casqués" , explique-t-on.

Certains jeunes gens expliquent ces violences par leur "haine" du ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy. "Fallait pas nous traiter de racaille et nous envoyer la police" , résume anonymement un jeune homme de Sevran qui regarde les pompiers éteindre un incendie de voiture. Des habitants plus âgés témoignent aussi de leur colère. Contre les fauteurs de trouble, qui s'en prennent à leur quartier ; mais également contre le ministre de l'intérieur, qualifié de "provocateur".

A Bondy, deux élus municipaux constatent avec effarement l'étendue des dégâts. "Le gouvernement a supprimé les moyens des associations et Sarkozy fait de la provocation. C'est l'effet boomerang qu'on pouvait craindre", se désole Sidi Selles, un des adjoints au maire, de permanence. Du côté des policiers, le ras-le-bol n'est pas moins vif. "C'est incroyable d'en arriver à un tel déferlement de violence partout", dit un officier de police à Bondy. A Sevran, un de ses collègues, se lâche, usé par la tension accumulée : "Peut-être qu'il va falloir envoyer l'armée. Ca devient impossible."

Luc Bronner et Piotr Smolar
Article paru dans l'édition du 03.11.05
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