Recherchez
depuis
 
» Accédez aux archives du Monde
 
A la Une
Le Desk
International
Europe
France
Société
Carnet
Régions
Entreprises
Finances
Médias
Horizons
Météo
Aujourd'hui
Sports
Sciences
Culture
* La grippe aviaire
* Irak 2003-2005
* Shoah : les derniers témoins
Opinions
Forums
Blogs
Chats
Sondages
Météo
Cinéma
Livres
Voyages
Technologies
Culture
Aujourd'hui
Savoirs
Jeux / mots croisés
Aide
Emploi
Formation
Immobilier
Auto-moto
Nautisme
Le Desk
Les images
Les dépêches
Les vidéos
Les titres du Monde
La Une en 8 clics
Le Monde en PDF
ELPAIS.es
Check-list
Que dit Le Monde ?
La 12:15
Les titres du jour
Multimédia
Dessins
Images du jour
Hors-champ
Bande-son
Dossiers
Thématiques
Repères
Cyberadresses
Fiches pays
Annales du bac
Base élections
 

Quand les "frères" musulmans tentent de ramener le calme

LE MONDE | 02.11.05 | 13h53
Augmentez la taille du texte
Diminuez la taille du texte
Imprimez cet article
Envoyez cet article par e-mail
Recommandez cet article
Classez cet article
Bras levés, voix puissante, ils crient "Allah Akbar !" au pied des barres de Clichy-sous-Bois, en invitant leurs "frères" à "rester tranquille". A quelques mètres, les CRS se protègent avec leurs boucliers et apprécient l'intervention. Cette scène, constatée dans la soirée du lundi 31 octobre, confirme de façon spectaculaire le rôle de médiation, voire de maintien de l'ordre, que prennent et revendiquent les représentants de l'islam dans les quartiers sensibles, surtout à l'occasion de tels accès de violences.

Ces jeunes croyants, reconnaissables à leur tenue traditionnelle et à leur barbe, ont été mobilisés par Abderamane Bouhout, président de l'association cultuelle qui gère la mosquée Bilal, dans laquelle une grenade lacrymogène a été lancée dimanche 30 octobre.

Des volontaires ont également été recrutés par l'intermédiaire de la mosquée de la rue Maurice-Audin, où l'imam, Meskine Dhaou, a lancé un appel au calme dès le lendemain de la mort des deux mineurs par électrocution. Une soixantaine de volontaires au total se sont ainsi répartis dans Clichy pour dialoguer avec les jeunes et s'interposer devant les forces de l'ordre.

"Nous avons une fonction d'ordre public, qui signifie que nous devons dialoguer avec les jeunes" , insiste Mohamed Bellahcene, président d'une des huit associations musulmanes de Clichy.

Ces initiatives ont été bien accueillies par les autorités. Une réunion entre plusieurs organisateurs du service d'ordre et le préfet de Seine-Saint-Denis a ainsi eu lieu au Raincy, lundi soir, pour faciliter le travail des médiateurs. M. Bouhout s'est, lui, rendu au PC central des forces de l'ordre, installé dans la caserne des sapeurs-pompiers à Clichy, pour expliquer sa démarche. "Dans ces quartiers, les maires ne peuvent plus rien faire sans les représentants de la communauté musulmane", souligne un cadre des Renseignements généraux de Seine-Saint-Denis.

INQUIÉTUDE

Le rôle des organisations musulmanes a également été reconnu par la mairie de Clichy. Malgré ses efforts, celle-ci n'a pu déployer que cinq ou six "animateurs jeunesse" et quatre personnes des "clubs de prévention" dans les quartiers pour discuter avec les jeunes.

"Dans l'urgence, toutes les bonnes volontés sont importantes. de toute évidence leur présence a contribué à apaiser les choses" , note Olivier Klein, premier adjoint au maire, chargé de la jeunesse et de la politique de la ville. Dans l'équipe municipale, on commence toutefois à s'inquiéter ­ sans vouloir l'affirmer publiquement ­ à l'idée que des organisations musulmanes puissent chercher à profiter de cet épisode, une fois les incidents terminés. Et qu'elles cherchent à remplir une mission durable de "maintien de l'ordre" ou de pacification.

L'impact des incidents à Clichy, notamment le fait qu'une mosquée ait été atteinte par une grenade lacrymogène, a conduit le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Dalil Boubakeur, à se rendre mardi 1er novembre à la mosquée Bilal.

Ce déplacement n'a pas fait l'unanimité au sein du CFCM. A la tête d'une délégation, le recteur de la Mosquée de Paris souhaitait manifester sa "solidarité" et "participer à la prière du soir" . "Tout le monde était ému par ce qui s'était passé dimanche, en pleine période de ramadan. Presque à l'unanimité, il a été décidé qu'on ne pouvait rester silencieux" , explique Dalil Boubakeur.

Fouad Alaoui, secrétaire général de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), a un autre avis. "Le départ de M. Boubakeur s'est fait dans une précipitation totale, dont il n'a pas fait preuve lorsque d'autres mosquées ont fait l'objet de dégradations, assure-t-il. On a voulu emmener le CFCM sur un terrain politique qui n'est pas le sien. M. Boubakeur n'arrive pas à assurer un équilibre entre toutes les composantes politiques françaises." Il y a deux semaines, Fouad Alaoui avait déjà adressé ce reproche au recteur de la mosquée de Paris lorsque celui-ci avait pris position en faveur de Dominique de Villepin, contre Nicolas Sarkozy, dans le débat autour de la loi de 1905 sur la séparation entre l'Eglise et l'Etat (Le Monde du 27 octobre).

La visite de Dalil Boubakeur à Clichy-sous-Bois a été particulièrement brève, le temps de saluer les fidèles et rompre le jeûne. Selon des témoins, la voiture du recteur aurait même été visée par quelques projectiles. Le président du CFCM n'a fait aucune déclaration à sa sortie de la mosquée, conformément, selon lui, à un accord passé avec l'association cultuelle. "Nous avons découvert une atmosphère anormale, tendue, faite de méfiance", note-t-il. Les soupçons d'instrumentalisation ont rendu méfiants les acteurs locaux de l'islam.

L'UOIF, elle, avait préféré envoyer son délégué régional la veille, en toute discrétion. L'organisation sait le bénéfice qu'elle peut tirer du travail de terrain. "On ne peut exclure la religion du champ social, souligne Fouad Alaoui. Il peut être un facteur d'apaisement. Si toutes les lois et les réglementations. ne parviennent pas à cadrer les hommes, la religion peut jouer tout son rôle."

Luc Bronner et Piotr Smolar
Article paru dans l'édition du 03.11.05
Classez cet article
Recommandez cet article
Imprimez cet article
Envoyez cet article par e-mail
Incendie au Blanc-Mesnil dans la nuit de mercredi 2 à jeudi 3 novembre. | REUTERS/FRANCK PREVELInfographie
Une semaine de tensions en Seine-Saint-Denis
Suite à la mort de deux jeunes de Clichy-sous-Bois, la Seine-Saint-Denis a essuyé une semaine de violence qui ont opposé la police à des habitants du département.
Des policiers patrouillent dans la ville d'Aulnay-sous-Bois, dans la nuit du 2 novembre 2005.  | AP/CHRISTOPHE ENAChronologie
Depuis les violences urbaines de Clichy-sous-Bois
Depuis le décès de deux jeunes à Clichy-sous-Bois, jeudi 27 octobre, retour sur les événements qui ont secoué la Seine-Saint-Denis.
Des pompiers éteignent un véhicule incendié lors d'émeutes dans la ville de Clichy-sous-Bois, le 1er novembre 2005.  | REUTERS/FRANCK PREVELVidéo
6e nuit de tensions en Seine-Saint-Denis
La police patrouille dans Aulnay-sous-Bois après que des échauffourées ont éclaté dans la nuit de lundi à mardi.
ET AUSSI
Portfolio Ligue des champions : résultats de la 4e journée de la Ligue des champions

Eclairage Pas d'essais érotiques chez Breillat et Lifshitz

Forum Proche-Orient