En région parisienne, la fièvre des violences urbaines ne retombe pas
LA FIÈVRE des violences urbaines ne retombe pas. Hier soir, agressant au passage une vendeuse, une quarantaine de personnes ont vandalisé une partie du centre commercial de Bobigny 2, situé près de la préfecture de Seine-Saint-Denis, devant laquelle une voiture a été incendiée. Des cail las sages ont par ailleurs été signalés dans six autres communes du dépar tement. Pas moins de 228 voitures ont été brûlées en France dans la nuit de mardi à hier. Selon les spécialistes de la sécurité publique, il s'agit d'un sombre record. A elle seule, l'Ile-de-France a été le théâtre de 180 incendies de véhicules.
Affrontements à Aulnay
La majeure partie des exactions et des actes de vandalisme s'est concentrée en Seine-Saint-Denis, où les forces de l'ordre ont dénombré au petit matin 153 carcasses de voitures calcinées. Le département connaissait sa sixième nuit de troubles depuis la mort de Ziad et Banou, retrouvés électrocutés jeudi dernier dans un transformateur EDF, croyant être poursuivis par une patrouille.
Près d'une centaine de policiers, appuyés par 400 CRS et gendarmes mobiles, ont quadrillé pendant plusieurs heures les quartiers sensibles. Des violences urbaines et des affrontements ont éclaté dans la cité des 3 000 à Aulnay-sous-Bois, ainsi que dans le quartier de Beaudottes à Sevran.
Pris sous une pluie de projectiles, les policiers ont été contraints de riposter en tirant des grenades lacrymogènes. Trois voitures de patrouille et deux camions de pompiers, cibles de «caillassages», ont été endommagés dans les affrontements. Trente-trois fauteurs de troubles, en général des casseurs agissant à 10 ou 15 au sein de bandes très mobiles, ont été interpellés en flagrant délit. Ils ont été placés en garde à vue pour des faits de «dégradation volontaire de biens publics», «port d'armes prohibées» et «détention de substances incendiaires».
Médiateurs et «grands frères»
Les pompiers de Seine-Saint-Denis sont intervenus à 75 reprises sur des incendies de poubelles. Enfin, un entrepôt de moquette situé à Bondy a été la proie des flammes sans que personne sache si l'incendie était lié aux incidents.
«Par effet de mimétisme et d'entraînement, les bandes de chaque cité veulent désormais en découdre, analyse un officier des renseignements généraux, pessimiste sur un éventuel «enrayement de cette mécanique de la violence». La rupture du jeûne du ramadan, considérée comme une période tendue, est programmée pour ce soir. Les cités du Chêne-Pointu à Clichy-sous-Bois et des Bosquets à Montfermeil, où avaient éclaté les premières échauffourées, ont connu une situation moins agitée que les nuits précédentes.
Claude Dilain, son maire PS, qui a participé à une réunion avec des médiateurs et des «grands frères» de la cité à Matignon, a précisé hier soir que le dispositif de sécurité serait «adapté, en se mettant en réserve, aux abords du quartier du Chêne-Pointu».
Hier soir, des peines de un à trois mois fermes ont été prononcées contre deux des six jeunes adultes pour des violences commises lundi à Clichy. Trois autres ont écopé de six à neuf mois de prison avec sursis. Le sixième a été relaxé.